Le 12 novembre prochain au Salvador, huit défenseurs des droits humains, la plupart âgés de plus de 55 ans, seront jugés pour « vol aggravé », des allégations totalement dénuées de fondement. Ils encourent des peines d’emprisonnement de 5 à 8 ans.

 

David Elías Aguirre (67 ans), Marco Antonio Jiménez González (43 ans), Celedonio Martínez Santos (80 ans), Tomás Humberto Zúniga González (62 ans), Wilfredo Aguilar Rivera (48 ans), Luis Álvarez Cabezas (62 ans), Héctor Antonio Sánchez Zaldaña (55 ans) et Nery Adalberto Zaldaña Calderón (47 ans) ont joué un rôle central dans la mise en œuvre d’un projet communautaire d’approvisionnement en eau ; la procédure pénale à laquelle ils sont aujourd’hui confrontés est une tentative évidente par les anciennes autorités municipales, ainsi que par le procureur local, de les empêcher de défendre l’un de leurs droits les plus fondamentaux – l’accès à l’eau. Leur condamnation créerait un précédent de démobilisation pour les communautés qui s’organisent pour défendre leurs droits.

 

Eau potable pour 5000 personnes

En 1995, sept communautés de la municipalité de Tacuba, dans le département d’Ahuachapán, au Salvador, ont créé l’Asociación de Desarrollo Comunal ‘Bendición de Dios’ (« bénédiction de Dieu ») pour améliorer l’accès de leurs familles à de l’eau salubre. Grâce au système d’aide internationale et aux efforts de leurs membres, elles ont reçu les fonds et l’assistance technique nécessaires pour permettre au système communautaire d’approvisionnement en eau de voir le jour en 1996, et, pour la première fois, de les ravitailler directement en eau potable.

 

Ce système, avant-gardiste dans la région, fournissait un accès à l’eau courante et potable à plus de 5 000 individus. L’approvisionnement en eau a toutefois peu à peu été mis à rude épreuve à mesure de la croissance de la population de ces communautés. L’Association a décidé de le gérer par secteurs géographiques de façon à mieux garantir la disponibilité de l’eau pour tous. Les autorités municipales en place à l’époque ont cependant abusé de leur pouvoir en s’appropriant illégalement le patrimoine de ces communautés, provoquant ainsi un conflit qui s’est poursuivi tout au long de la décennie suivante et qui a donné lieu à la persécution et à l’incarcération temporaire des dirigeants du projet communautaire.

 

Fausses accusations

Le harcèlement judiciaire a commencé avec le maire de l’époque, qui a accusé à tort huit membres de l’Association d’avoir commis des actes d’« usurpation de biens », de « vol de liquide » et de « vol aggravé ». Si le maire actuel a demandé que l’affaire soit classée, le ministère public a toutefois refusé, et la justice a été saisie.

 

L’Asociación Salvadoreña de Ayuda Humanitaria, PROVIDA, qui fournit un soutien juridique aux défenseurs, a plaidé, avec succès, en faveur du rejet de deux des trois chefs d’accusation. Le plus grave, « vol aggravé », a cependant été maintenu, même si l’accusation n’a présenté aucune preuve pour l’étayer. S’ils sont reconnus coupables, les défenseurs seront immédiatement incarcérés pour ce délit, pour lequel ils encourent une peine de 5 à 8 ans, et qui suppose un emprisonnement même en cas de recours.

 

Lors des audiences préliminaires, le juge a accepté toutes les preuves et tous les témoignages fournis par l’accusation, mais aucun provenant de la défense. L’audience publique aura lieu le 12 novembre, et la possibilité d’une condamnation est imminente. Les défenseurs affirment qu’ils ont toujours agi en toute intégrité et honnêteté, et exigent que le système d’approvisionnement en eau soit légalement rendu aux communautés qui l’ont bâti. Ils vivent tous à Tacuba, l’une des municipalités affichant les niveaux les plus élevés d’exclusion sociale du Salvador.

 

Mobilisation pour mettre fin à la criminalisation

Du 2 au 9 décembre prochains, Land Rights Now organisera des mobilisations partout dans le monde pour exiger la cessation de tous les actes d’incrimination commis à l’encontre des défenseurs des droits fonciers. Cette affaire au Salvador est un exemple flagrant de ce qui est en passe de devenir une crise mondiale.

 

Nous nous tenons aux côtés des défenseurs de l’eau de Tacuba et des centaines d’autres défenseurs des droits fonciers qui font l’objet de poursuites pénales pour leurs actions pacifiques en faveur de leurs droits et de la planète.

 

En savoir plus sur la mobilisation internationale et comment y participer ici.

Regardez cela pour en savoir plus sur les défenseurs de l’eau Tacuba.

 

Pour unir votre voix à celle des défenseurs de Tacuba, vous pouvez contacter l’Asociación Salvadoreña de Ayuda Humanitaria PROVIDA par courriel. Vous pouvez également envoyer un message de solidarité réclamant justice et dignité pour les défenseurs de Tacuba sur leurs réseaux sociaux (Facebook and Twitter).

 

Réclamons justice et dignité pour les défenseurs de Tacuba !

De gauche à droite : David Díaz Aguirre, Arturo Elcides Padilla, Tránsito Contreras, Tomás Zúniga et Celedonio Martínez Santos, défenseurs du droit humain à l’eau et membres de l’Asociación de Desarrollo Comunal ‘Bendición de Dios’, qui gère le système d’approvisionnement en eau des « sept communautés de Tacuba », dans le département d’Ahuachapán.