Bernardo Caal, dirigeant autochtone Q’eqchi du Guatemala, purge actuellement une peine de prison de sept ans. Son crime ? Avoir voulu défendre le fleuve Cahabón, l’un des plus grands du pays, contre deux barrages hydroélectriques.  

Ce fleuve joue un rôle central dans la vie des 195 communautés Q’eqchi de la municipalité de Santa María de Cahabón, dans le département d’Alta Verapáz. Il est aujourd’hui menacé par sept projets hydroélectriques qui ont déjà détruit des hectares de forêts primaires et de collines considérées comme sacrées par les Q’eqchi.

Comble de l’injure, les communautés ne bénéficient même pas des avantages de l’électricité, et leur accès à l’eau s’est vu affecté par les barrages. Par ailleurs, elles ne disposent d’aucune sécurité juridique sur leurs terres ancestrales – bien qu’elles en aient obtenu la reconnaissance juridique en 1882 – plusieurs années après, leurs terres leur furent de nouveau enlevées et, aujourd’hui, deux projets hydroélectriques de la société Oxec, détenue par la filiale Energy Resources Capital Corpse, ont été construits sur les terres ancestrales des Q’eqchi.

Le gardien du fleuve
Reconnu comme le gardien de la rivière, Bernardo Caal a représenté les communautés dans les procès intentés contre Oxec et l’État du Guatemala pour non-respect du droit juridique des communautés autochtones au consentement libre, préalable et éclairé. Tout d’abord devant la Cour suprême, puis devant la Cour constitutionnelle. La première s’est prononcée en faveur des communautés, reconnaissant qu’aucun processus de consultation n’avait eu lieu. L’entreprise a fait appel et l’affaire a été portée devant la Cour constitutionnelle, qui a également confirmé le jugement en faveur des communautés et suspendu le projet hydroélectrique d’Oxec.

La victoire fut cependant de courte durée. En mai de la même année, la Cour constitutionnelle a succombé à la pression des secteurs des entreprises et politiques et infirmé sa décision, autorisant de nouveau la société à poursuivre ses activités.

De plus, au moment même où la Cour rendait son premier jugement en faveur des communautés, la vague de diffamation et de calomnie contre Caal commençait. Le 30 janvier 2018, il fut convoqué à une audience et fut ce même jour détenu et faussement accusé de vol avec circonstances aggravantes et de détentions illégales pour des faits supposément survenus en 2015. Il est depuis emprisonné et a été condamné à une peine de prison de 7 ans et quatre mois en novembre 2018.

Malgré cela, Caal continue de remplir son rôle de gardien du fleuve et poursuit la lutte depuis sa cellule.

«La résistance continuera, même s’ils me tuent et quel que soit le nombre d’années qu’ils me garderont sous les verrous. Les personnes dont les moyens d’existence dépendent du fleuve et qui boivent son eau continueront de résister ».

 

Soutenez les personnes criminalisées pour avoir défendu les droits fonciers. Rejoignez la mobilisation mondiale pour appeler à mettre fin à la criminalisation des défenseurs et défenseuses des droits fonciers. 

 

Photo Credit: Plaza Pública

Photo Credit: Plaza Pública

Cahabón River Guatemala