En République Démocratique du Congo, les communautés pygmées autochtones déplacées de leurs terres au nom de la « conservation » et un leader de la communauté emprisonné pour avoir défendu leurs droits. 

Kasole Kalimbiro est l’un des leaders des communautés autochtones pygmées vivant près de Kalonge, dans l’est de la RDC. Alors que les communautés autochtones pygmées de la RDC sont des peuples forestiers qui ont géré, conservé, et vécu sur ces terres depuis des générations, sa communauté – comme plusieurs communautés forestières à travers la RDC – fait face à des pressions croissantes exercées par le secteur de la conservation. Avec la collaboration de l’état, les acteurs de conservation cherchent à enlever les communautés forestières des vastes étendues du pays sans leur consentement pour faciliter la création et l’expansion des « zones protégées ».

L’expansion progressive du parc national de Kahuzi-Biega a commencé dans les années 1970. Lorsque ceux qui vivent autour de Kalonge ont résisté l’expulsion, ils ont été victimes de persécution, de harcèlement judiciaire, d’arrestations arbitraires et de violences flagrantes de la part des autorités du parc et de l’Etat. Les membres de la communauté déplacés par l’expansion du parc attendent toujours leur compensation promise.

Sans terre et confrontés à l’insécurité et à l’exploitation, en octobre 2018 environ 200 familles, y compris Kasole, sont revenues sur leurs terres coutumières dans les limites du parc, autour de la communauté de Kalonge. Pourtant, alors que ces communautés vivaient sur ces terres depuis des générations et ont actuellement une affaire pendante concernant leurs droits devant la Cour africaine des droits de l’homme, les « éco-gardes » du parc ont réagi violemment, incendiant des logements communautaires et commettant des actes de violence intensifiant, comme l’assassinat d’un membre de la communauté plus tôt cette année. Cette violence est également arrivée dans le passé. En 2017, des éco-gardes ont tiré sur un jeune garçon batwa (Christian Mbone Nakulire) et son père (Munganga Nakulire) dans le parc national de Kahuzi-Biega alors qu’ils collectaient des plantes médicinales dans la forêt, sur leurs terres ancestrales. Le père s’est échappé grièvement blessé mais son fils a été tué.

Défenseur des droits de sa communauté, Kasole exige depuis longtemps la fin de la persécution et des actes de violence contre les peuples autochtones pygmées. En juillet 2019, il a été faussement accusé d’avoir ordonné l’assassinat d’un éco-garde. Pendant des mois, Kasole a été détenu sans procès et sa famille n’a pas pu lui rendre visite. Kasole, son avocat et la société civile locale ont tous maintenu son innocence et dénoncé les autorités de l’Etat et du parc pour l’avoir criminalisé en représailles pour le rôle qu’il joue dans la défense de sa communauté. « Tout le monde pouvait constater qu’il n’y avait aucune vérité dans les accusations portées contre Kasole par l’Etat et les autorités du parc » a déclaré Patrick Kipalu, directeur du programme Afrique à l’Initiative des droits et ressources. « C’était un acte d’intimidation pour le réduire au silence, et pour réduire au silence tous les défenseurs des droits des communautés ».

Un énorme tollé de la communauté et des efforts de la société civile pour sensibiliser le public à l’emprisonnement injuste de Kasole ont abouti à sa libération en novembre. Mais son cas reste emblématique des risques auxquels les défenseurs des droits fonciers et de l’environnement en RDC et dans le monde font face. « Je suis soulagé que les autorités ont décidé de faire ce qui est juste et de le libérer » a déclaré Kipalu. « Mais j’espère que plutôt de continuer à cibler les communautés, que l’Etat, les autorités du parc et les donateurs internationaux reconnaissent que les communautés peuvent être des partenaires de la conservation. Et j’espère que Kasole est la dernière personne injustement emprisonnée ou attaquée pour avoir revendiqué la reconnaissance des droits des communautés ».

En attendant, les communautés autochtones pygmées de Kalonge continuent de subir des actes de violence, des représailles et la répression pour vivre sur leurs terres coutumières. Mais malgré cette persécution, la communauté – et ceux qui les soutiennent – demeure résolue.

Pour Diel Mochire Mwenge, leader pygmée autochtone et Directeur provincial du Programme intégré pour le développement du peuple pygmée (PIDP), l’insécurité foncière qui confronte les communautés pygmées du Sud Kivu représente non seulement une injustice mais une menace existentielle : « Nous avons droit à nos terres, notre identité en dépend. Les tueries, les enlèvements et les emprisonnements dont nous sommes victimes ne nous empêcheront pas de revendiquer nos terres et militer pour la reconnaissance et le respect de nos droits ».

Dans le cadre de la campagne de Land Rights Now contre la criminalisation des défenseurs des droits fonciers autochtones et communautaires, rejoignez-nous en demandant :

  • La fin de la criminalisation ciblant les défenseurs des terres et de l’environnement en RDC
  • La reconnaissance des droits fonciers coutumiers des communautés pygmées autochtones de Kalonge, qui ont été déplacés de leurs terres par l’expansion du parc national Kahuzi-Biega

Soutenez les défenseurs des droits fonciers criminalisés. Rejoignez la mobilisation mondiale pour mettre fin à la criminalisation des défenseurs des droits fonciers. Signez la pétition pour exiger la libération des défenseurs des droits environnementaux et fonciers aux Philippines.